Mon bien-aimé...

À toi mon mari qui partage ma vie depuis tant d’années.

Après tout ce temps à tes côtés, tu ne me fais plus rêver. Mais rassure-toi mon bien-aimé, je t’aime toujours affectueusement.

Un peu comme un vieux legging troué dans lequel on se sent à l’aise.

Le quotidien nous a bouffés. Combien de fois ai-je eu envie de t’étriper parce que tu avais laissé traîner tes slips délavés devant le panier ?

Nous qui nous étions jurés de toujours nous marrer, pour le coup c’est raté…

Les nuits d’insomnie blottie l’un contre l’autre à nous taquiner, ont laissé place à un petit cachet de Lexomil au coucher, ainsi qu’à deux lits séparés, histoire d’être sûr de ne pas se frôler.

J’ai passé mes journées à prendre soin de notre foyer pendant que tu passais les tiennes à glander dans le canapé !

Au début tu étais prévenant et attentionné, puis tu m’as délaissée, préférant jouer sur ta console adorée.

Pour te rattraper, une fois par an tu m’emmenais manger une crème glacée sur les bords de la Méditerranée. Nous passions la semaine à nous rabibocher dans notre tente mal fixée.

Chaque fois j’y croyais, me disant que tu allais à nouveau me regarder comme si j’étais Kylian Mbappé.

Et puis cette connasse de routine repointait le bout de son nez, me laissant là, à m’empiffrer de chips pour combler le fossé qui, entre nous, était en train de se creuser.

Notre vie de couple n’a pas été un long fleuve tranquille et même si je ne me suis jamais noyée, j’ai souvent bu la tasse à trop pleurer.

J’ai refusé de voir le Titanic couler, m’accrochant de toutes mes forces comme une moule à son rocher, pour finir par lâcher-prise, complètement vidée.

Jack avait raison, il n’y avait qu’une seule place sur ce putain de radeau !

Toutes ces incompréhensions m’ont beaucoup blessée.

C’est pourquoi, afin de me protéger, je t’ai moi aussi délaissé, pour aller picoler avec ma Ginette préférée.

Transformant notre fossé en guerre des tranchées.

Lasse et fatiguée, j’étais en train de repasser tes chemises en élaborant une stratégie pour me barrer, lorsque tu t’es mis à hurler que tu avais gagné…

Après quelques minutes de flou artistique, j’ai fini par comprendre qu’il s’agissait de ta grille de loto.

Alors maintenant que tu es blindé, sache mon bien-aimé, que je resterai ta dulcinée pour l’éternité.